Quelques gouttes d’eau ruissellent sur ce visage livide, collé à la vitre qui s’est brisée aux éclats de ses démesures.
Elle est là et s’égare en cette morte saison à l’aube d’une nouvelle annoncée.
Elle se souvient. Elle se revoit porter les pierres de vie, déposant ses armes de papier à terre, le temps d’un abandon éphémère.
Elle se souvient des temps anciens qui lui faisaient oublier sa raison d’être, elle, la collectionneuse de vieilles pendules muettes et accumulées au fil des coups de cœur, au fil des évènements projetés sur l’écran de sa mémoire.
Elle entend cette voix assourdie par la pudeur et crucifiant les rêves condamnés à l’exode pour qu’aucun mot ne puisse s’extirper du silence ravageur et se revêtir de promesses fugitives.
Elle entend le cœur aux battements d’insouciance, la douceur à tire-d’aile de l’ange au sourire prometteur.
Elle apprend à écouter l’absence et à rester devant la porte fermée qui filtre les résonnances suprêmes, les accords majeurs ou chaque note est en sourdine, chaque pas un murmure distancé, chaque attente une petite clé d’abandon déposée comme un talisman.
Elle se soustrait à se souvenir que le vol sans se poser, le vol à s’y perdre pour des infinis sans aucune résistance au vent a été une évidence en équilibre qu'il lui faudra préserver avant qu’il ne lui reste plus qu'à compter le temps.