Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Mal de pierres

Mal de pierres
  • Éditeur : Liana Levi
  • Année : 2006
  • On débroussaille avec envie tous ces livres de janvier et l’on croit s’encanailler avec le roman d’une inconnue, Milena Agus, pour la première fois traduite en français. Nom étrange, titre énigmatique. On lit. Et l’on est pris (épris ?) d’une fièvre maléfique, mélange de plaisir et de spasmes. Abasourdi. Ravi d’être piégé par tant de finesse, de prise de risques, de liberté. Milena Agus, que l’on imagine écrivant sagement dans un coin de sa Sardaigne, fait de l’entourloupe du grand art – de la littérature. Ses menteries et ses boniments crachent, avec violence et mélancolie, une histoire d’amour, de sexe et de folie, tous unis. La narration, elle, style et construction, est simplement hypnotique. L’héroïne semble débarquer de la lune, toujours à côté de la plaque, à contre-courant. On la marie, soit. C’est ainsi en Sardaigne. Elle n’aime pas ce mari, tant pis. Il fume la pipe. Il est un fidèle des maisons closes. Elle lui propose de faire des économies pour son tabac : elle lui fera « des prestations » comme une prostituée. Elle est innocente et manie le vice avec panache. Elle s’en fout. Elle attend l’amour. Elle va le trouver sur le continent, loin de son île, lors d’une cure pour soigner son « mal de pierres », des calculs rénaux. Plus tard, ayant achevé de lire ce roman fou, on se dira qu’elle a des cailloux dans la tête, de beaux galets, ceux que l’on caresse et qui font rêver, et qui, magiques, savent inventer des histoires d’amour, réinventer une vie. Celle qui tient les cailloux dans les mains et les fait s’entrechoquer, les fait parler, c’est la grande manipulatrice Milena Agus, prise en flagrant délit d’affabulation et de cocasserie de la première à la dernière page. Mal de pierres agit par déflagration, fait valser les idées reçues, brûle les sens. Agus passe à la moulinette l’amour, le sexe, la tendresse, le rêve et n’oublie pas bien sûr la littérature, cet art du mensonge, ou de la vérité. Allez savoir. Martine Laval Traduit de l’italien par Dominique Vittoz, éd. Liana Levi, 126 p., 13 €.

Publié dans Au fil des mots , au fil des pages | Lien permanent