Elle le reprend de mémoire dans son nouveau temps, dans l’intervalle des deux mesures du temps, dans un décor où déferle une musique qui pourrait être une fugue. Entre vérité et mensonge, peur et tremblement, par un glissement, un décalage, dans les mots ou dans l’image révélée, elle est entrée. Univers de folie, dérèglement du temps, de l’esprit qui chavire. Elle se reprend.
Le reprendre et le lire ce serait se retrouver dans les mots qui ont brillé, dans un ciel vide, et qui n’éclairent pas. Se retrouver dans sa vie d’avant. Détruire voulait-elle, élément du décor trouvé vide parce que ravagé par l’absence de combler ce vide, où rien n’y était défini- Aucun lieu ,sinon une construction d’écriture sur fond fascinant de l’absence, aucune présence ou à venir, défunte avant l’heure pouvant rappeler le réel.
Mise en scène sur fond d’absence où les mots sont des semblants, des résidus de langage, des imitations de pensées, des simulations d’être ou ne pas être. Le néant.
Oubli qui ne suppose rien d’oublié détaché de toute mémoire. Aucune certitude. Eclat de rire discret, une parole sans parole, seul un mot qu’elle entend :« détruire » Mot étranger qui s’est imprégnée au fil du temps de lucidité.
Mot venu, du plus loin, dans une promiscuité indécente, par l’immense rumeur de la musique détruite, peut-être trompeusement comme le commencement d’une fin .
Disparaît ici, apparaît ici, sans pouvoir décider entre apparition et disparition, ni décider entre la peur et l’espérance, le désir et la mort.