Une main, celle d’une petite fille vient de s’accrocher et lui réchauffer le corps tout entier. C’est sa petite fille qui la regarde.
- Maman on s’en va. ?
- On rentre mon amour. On rentre.
Elle ne peut se presser. La fatigue ou le poids des souvenirs toujours aussi douloureux pense-t-elle. Elle s’arrête, les yeux encore fermés et les ouvre pour s’attarder sur les cheveux bouclés de sa fille. Ces cheveux qu’elle a toujours aimé caresser .Tremblent-elle encore ? Son amour ne l’a pas remarqué où se tait pour respecter son silence.
Le vent s’est levé et lui frappe le visage. La sensation est bonne. L’ivresse peut-être où quelque chose du même ordre.
Demain elle reviendra, c’était sûre. Marion jouera encore sur les épaves échouées à se raconter, à se construire les châteaux de sable dont la fragilité a encombré si souvent sa mère.
Le lendemain encore, elle est là, les oiseaux gémissent accompagnant l’appel aux souvenirs. Souvenirs d’un même gémissement, mais celui-la venait des arbres, les arbres qui avaient perdus leurs feuilles le temps d’un abandon, le temps d’une saison. Et elle avait frissonnée sous sa peau, ce jour là. Où peut-être, ce soir là où elle resta seule, seule sur un trottoir glacial ou sur un quai de métro à Paris. Le dernier métro, celui qui certainement avait emporté cette femme qui l’incite au souvenir, à un voyage . La femme d’à côté qui revient après tant de temps et qui ne l’a pas fait rougir ou alors elle a oublié. Cette femme qui l’a rejointe sur ce port, hier et qui n’est plus.