Elle a pris le dernier bateau ou le dernier métro et emporté dans sa poche un peu de sable, celui du château de Marion quand elle passait les mains dans ses boucles dorées ou qu’elle serrait la main de sa mère lui réchauffant son corps en entier. Elle est partie, pour combien de temps. Pour quelle main tendue, pour quel appel au corps et pour combien de luttes, de combats sans ennemis, de moulins à vent désertés ? Reviendra-t-elle, sur ce port pour croiser à nouveau cette mère et sa fille, le regard tourné vers l’horizon ? Le temps a continué au rythme d’un autre temps sans aiguille et sans écran sur un chemin tapissé de feuilles mortes de ces arbres nus, le temps d’une saison, le temps des souvenirs. Des souvenirs enfermés secrètement dont elle aime se bercer et qui la couvrent d’un doux parfum enivrant. Elle l’appelle du lointain fébrilement avec des mots détournés pour vaincre toute résistance. Cette résistance, que toutes deux avaient autrefois perdue dans un grand lit tendu de blanc lorsqu’elles s’invitaient à se fredonner quelques caresses pour mourir d’être née dans la fièvre d’un voyage enflammé. Elle l’appelle au souvenir de ces mots qui battaient la passion et respiraient aux rythme de deux corps envahis par la profondeur du désir. Elle frissonne sous sa peau au contact de la folie des mots qu’elle lui écrivait dont elle ne peut plus se détacher. Attachée aux mots qu’elle lui disait sur le désir de son corps tourmenté et dont elle voulait crier à la face du monde, le plaisir offert et qui la transperçait. Pourquoi mon corps a-t-il tant d’impatience à ton simple souvenir ? se demandait-elle ? Je désire tant vivre ton corps au rythme de ma passion dans ses élans de tourmente et de calme profond. Hymne à l’amour mon amour lui écrivait-elle.