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Demain peut-être....

Puis le silence à nouveau. Un long silence juste interrompu par le léger clic clac d’une valise qui se referme et emporte leur histoire à toutes les deux pour un cri  stérile accouché dans la douleur, pour une main qui se tend et qui appelle au souvenir. Souvenirs douloureux qu’elle voudrait lui arracher que pour mieux l’apaiser. Mais, l'abîme s'est creusée sous ses pas et dans cette ville fardée qui tourne le dos au fleuve. Elle touche du doigt le désespoir. Brisée, isolée, elle est exsangue... Un seul endroit la soulage, un seul lieu l’a fait lever les yeux : le port de la Boca. Là enfin l'horizon se dessine et lui offre un souffle de vie, un peu de courage pour continuer... Les maisons colorées et l'eau glauque qui frappe les  quais, les bateaux rouillés qui n'en finissent pas de  mourir, c'est là qu’elle veut renaître. Dans ce cloaque, il y a un espoir, une incitation à vivre à tout prix, à combattre la misère des cœurs. Elle y embrasse la vie dans ce qu'elle a de pire.  Ensuite elle apprivoisera le reste la douceur des sourires, le bonheur du ciel bleu...Plus tard.

C’est ce qu’elle pense à ce moment là.
-Te souviens-tu étrangère la Méditerranée se refermant devant tes yeux et se rouvrant dans le mystère de l’aube qui se lève ?entend-elle.

Elle ne supporte plus cet appel qui résonne au fond d’elle-même.

Une main, celle d’une petite fille vient de s’accrocher et lui réchauffer le corps tout entier. C’est sa petite fille qui la regarde.

-          Maman on s’en va. ?

-          On rentre mon amour . On rentre.

Elle ne peut se presser. La fatigue ou le poids des souvenirs toujours aussi douloureux pense-t-elle. Elle s’arrête, les yeux encore fermés et les ouvre pour s’attarder sur les cheveux bouclés de sa fille. Ces cheveux qu’elle a toujours aimé caresser . Tremblent-elle encore ? Son amour ne l’a pas remarqué où se tait pour respecter son silence.

Le vent s’est levé et lui frappe le visage. La sensation est bonne. L’ivresse peut-être où quelque chose du même ordre.

Demain elle reviendra, c’était sûre. Marion jouera encore sur les épaves échouées à se raconter, à se construire les châteaux de sable dont la fragilité a encombré si souvent sa mère.

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