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Inventer la douceur

Elle a le sentiment de connaître tout cela depuis mille ans puisque c’est son rêve. Comme elle a eu raison de ne pas la laisser s’approcher ! Elle pense encore dans un soupir : Etre dans ses bras Vivre ailleurs Toucher le large Respirer le soleil Inventer la douceur… Sa main se referme au fil de l’eau à ses pieds dans ce vieux port abandonné que pour mieux se rouvrir à la clarté d’un amour fou perdu dans cet horizon intemporel qu’elle ne peut plus fixer. Elle se retourne. Un bruit de pas sur le sable. Bruit saccadé de la vague qui se brise. Un chuchotement obscur allume son regard noyé du chant nocturne. Rupture d’un silence qu’elle aime à glorifier puisqu’il ouvre à la clarté. C’est du moins ce qu’elle croit. Le port est maintenant dans une totale obscurité. Combien de temps est-elle restée là à panser ses blessures à remonter le temps. Femme, elle la voulait docile. Des mots lui reviennent en mémoire. -          Ne pars pas, reste encore un instant, moderato cantabile, je t’accompagne un petit bout de chemin, ce chemin qui sous tes pas me fait chavirer. Ces mots  enivrés  qu’elle lui a si souvent fredonnés au creux de ses reins quand le désir libérait les tensions de  son âme. Quand les mots étaient impuissants, la brûlure trop intense et la folie destructrice.

 

-          Manuréva, te souviens-tu de ce bateau qu’on ne retrouva jamais ? Il a emmené dans sa course, dans les flots bleus de tes yeux les souvenirs secrets de ton existence. Entends-tu la chanson qu’il te fredonnait et qui te rappelle à la vie, à ce port où tu te retrouves seule dans le noir d’un passé à jamais égaré,  les épaves échouées autour de toi.

 

C’est ce qu’elle pourrait lui répondre.

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