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Un temps sans aiguille ni cadran

1089584174.jpg En ce jour d'hiver qui pourrait être comme tous ceux qu'elle a déjà vécu, elle se sent seule. Les arbres ont perdu leurs feuilles, abandon éphémère, le temps d'une saison, pense-t-elle.

Elle avance à pas lents. Ses pas traduisent toute son anxiété, seule la petite musique qu'elle s'est inventée l'accompagne sur ce chemin qu'elle n'a pas choisi.

 Elle croise des visages dont les regards l'indiffèrent. Rêve ou cauchemar ?

  Elle frissonne sous sa peau. Aurait-elle des regrets ? Elle pense : les arbres eux n'ont pas de regrets.

 Sa musique l'envahit, la porte vers ce petit trou de lumière qu'elle a dans la tête. Un petit éclat de rêve...Une fenêtre ouverte sur un autre monde, sur l'immensité de l'océan indomptable. Elle est bouleversée par une histoire d'amour écrite à corps perdu. Elle se voudrait alors sorcière pour l'enchantement, elle se voudrait magicienne pour l'enlever au monde qui les sépare, elle se voudrait muse pour l'inspirer encore. Elle va certainement se noyer dans cette chimère.

 Elle s'invente alors un nouveau paysage et continue le chemin peuplé de vagues, vagues à l'âme. C'est un port silencieux parce que déserté. Seules quelques carcasses de bateaux jonchent la grève comme témoins de sa détresse. Son regard est pourtant tourné vers un horizon vite couvert du voile de ses larmes au parfum d'amertume.

 Explosion de la gorge qui la torture, elle voudrait crier sa douleur et faire jaillir ses paroles à la manière de la vague qui déferle sur le roc.

 Elle continue à marcher et son corps s'épuise. Le temps s'écoule.

 

Le temps, elle en avait presque oublié l'existence. Elle a vécu un temps sans minute, un temps sans aiguille et sans écran.. Un temps sans juge ni témoin. Seule, bercée par le rythme de ses pas, et ses quelques éclats des souvenirs lointains au fond de sa poche qui renferme des secrets, ses doigts triturent une petite pierre du temps d'avant. Alors, du bout de ses sens surgissent quelques refrains fredonnés à l'autre qui n'entendait pas.

 

Son visage se fige, sa plainte s'étouffe et sa tourmente semble s'atténuer. Elle s'habitue à la fièvre comme elle s'habitue à la douleur, unies dans un voyage dont elle ne connaît pas l'issue. Elle se laisse à penser la fin de son étrange égarement dont elle est seule à percevoir ses mystères.

 

Elle cherche de son regard sans entrave la flamme d'un visage dont le secret pourrait lui inspirer confiance. Elle caresse du bout de son esprit la couverture imaginaire d'un livre qui se referme, retient les quelques larmes vagabondes et d'un geste imprégné de douceur, effleure un corps sorti d'un grand voyage.

 

Commentaires

  • Je suis tombé sur ce texte par hazard...
    Incroyable..
    Vous avez eux en vous le même echo que moi
    Ou moi que vous...on ne s'était jamais lu...

    voilà: 01/08/08

    Nous ne partons pas
    Nous demeurons...
    L'horloge du temps
    EST
    Une aiguille sans cadran...

    Nous faisons des lettres
    Certains font des oeuvres
    Comme un dû
    Des moments perdus
    Déshydratés
    Ecartelés
    D'instants
    D'amour...

    Oh je vous adore

    Bonne fin de journée
    Poétiquement Bercée

  • C'est un texte fort.
    L"émotion présente de part en part.

  • Merci B. pour votre appréciation sur mes premiers mots jetés sur cette toile... Bien à vous

  • la musique magicienne fait oublier le temps, fait naître les mots, ce n'est pas de moi "la musique vient de l'intérieur" elle est indispensable dans notre cheminement, nous les amoureux des mots.

  • C'est à tout le contraire.

  • Désolée mais je ne comprends pas ce qui "est contraire" commentaire sur un texte très ancien.

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