Je n'ai rien séparé mais j'ai doublé mon cœur
D'aimer, j'ai tout créé: réel, imaginaire,
J'ai donné sa raison, sa forme, sa chaleur
Et son rôle immortel à celle qui m'éclaire.
Paul ELUARD (1895-1955) - Derniers poèmes d amour
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Je n'ai rien séparé mais j'ai doublé mon cœur
D'aimer, j'ai tout créé: réel, imaginaire,
J'ai donné sa raison, sa forme, sa chaleur
Et son rôle immortel à celle qui m'éclaire.
Paul ELUARD (1895-1955) - Derniers poèmes d amour
Tous ces mots qui s'écrivent qui t'ont fait exister
Que pour mieux, au risque du péril
d'un geste malhabile, aussitôt, t'effacer.
Tous ces instants perdus, ces moments révolus
Toutes ces minutes d'ivresse qui flottent à la surface
Gémissements profonds de tes malentendus.
Dans un envol glorieux, le temps s'est arrêté
Dissipant tout ton être, meurtrissant les adieux.
Du rivage déserté, que des bruits de rumeur
qui frappent le passé dans un rythme saccadé.
Ainsi le temps s'arrange quand l'âme vagabonde
à jeter l'ancre des mots, dans une quête solitaire
à implorer la vie, à oublier les cris sans fixer le naufrage des jours suspendus.
Elle se construit des abris,
abris d'intérieur au faîte de l'enfance
qui protègent la détresse
dans des espaces clos.
Des combats d'écriture refoulant les dérives
comme des parenthèses
à l'encre de la plume du passé.
Funeste combat
luttes dérisoires
qui se gorgent d'illusions à poursuivre les ombres
de certitudes ternies.
Ses chemins sont obscurs quand son temps s’immobilise.
Ses voyages s’appauvrissent quand les images se figent pour des décors sans vie.
Pour des paysages sans lumière, désertés par l’artiste.
L’instantané révèle son impuissance. à créer les images
Impuissance provisoire des images colorées ,images projetées
Ephémère- d’un présent qui s’éternise pour quelques notes,
notes de musique sur des partitions vides et hors du temps.
Pour quelques touches enfantant la couleur,
soustrayant la douleur au regard qui s’éclaire.
Impuissance à conter les histoires qui inspirent le désir des ailleurs, imprégnés de métaphores des tableaux exposés.
Impressions du levant, impression d’une attente dans des cadres entoilés
pour des représentations réalistes
Dérisoire offert par quelques peintres maudits.
Seuls les mots, au fil de l’eau,
suspension au voyage lui viennent en image
comme la main tendue s’accrochant au radeau.
Radeau d’un naufrage dans un espoir fécond
vogue à la surface tranquille
comme une ultime ponctuation de la ligne tracée
Ligne d’horizon, le temps d’un regard
Le temps d’un lointain qu'elle croyait
disparu.
Le temps d’un passéqu'elle croyait
perdu.
« O temps suspends ton vol »
En écho lui parvient
Des amours éphémères
Des rivages désertés
Epaves du passé
sur des vagues déchirées
Tels les mots en naufrage
Altérant son passage
Plainte, seul témoin des envols à construire
des ailleurs, des voyages
à inventer le temps
sans crainte du vertige
Funambule dérisoire sur un fil suspendu
Pour un regard farouche de son autre disparu.
Effacer les jours pour inventer les mots
sur une page arrachée dans un espace conquis
Ecriture dérisoire pour arrêter le temps
où les mots inventés dissipent toute une vie
comme on éloigne l'intrus dans un geste furtif
qui soustrait toute son âme dans un vagabondage
déferlant sur la nuit.
Tes paroles sont mes silences,
Mes mots sont tes absences
qui se projettent sur des miroirs sans tain.
Mes murs sont tes barrages
qui se dressent sans ombrage
comme des remparts lointains.
Tes voyages sont mes chemins
Où mes errances nocturnes.
Rencontre inattendue
De la main défendue.
Mes défis sont tes douleurs
qui déferlent sur l'impuissance
que tu livres masquée.
« Il n'y a pour une conscience qu'une façon d'exister, c'est d'avoir conscience qu'elle existe »
« En fait, nous sommes une liberté qui choisit mais nous ne choisissons pas d'être libres : nous sommes condamnés à la liberté. »
Sartre