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  • La fausse note

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    Un lent itinéraire pour arriver à ce chemin, longue marche arrêtée dans son temps. Ses pas, remède à sa fragilité et ses blessures rythment ses pensées, qu’elle retrouve après un vide qui pourrait s’appeler oubli.

    Oubli, unique protection du regard de l’autre, des autres dans cette ville anonyme où elle croise autant de corps en mouvement que de douleurs enfouies et masquées sur des visages inconnus.

     Elle croyait trouver un lieu,  pour la poursuite de son face à face intérieure, tel un point fixe immobilisant son passé douloureux, lieu d’un détachement nécessaire.

    Elle a trouvé son présent, son  issue sans se résoudre à faire demi- tour.

    Elle s’est surprise à sourire à apprécier de petits gestes anodins mais qui présageaient un espoir à la vie, à écouter et discerner les paroles, les regards ou les gestes d’autrefois, ceux qui relevaient de la promesse ou de l’imposture, de  la vérité et du mensonge.

    Elle a toujours tu ses blessures  sans imaginer qu’elle puisse éveiller un intérêt à les faire deviner.

    Meurtrie mais vivante,  elle  poursuit sa marche dans un relatif apaisement.

    Simplement panser et guérir  ses blessures en délaissant une quelconque substance de mémoire qui trahirait,  déformerait, détruirait un présent qu’elle se construit dans son temps.

    Les mots gravés sur le papier lui viennent en aide pour rompre l’oubli de regards, de gestes, de paroles douloureuses qui ont éteint, progressivement, insidieusement, sa petite lumière l’entraînant dans une défaite, dans l’abîme  orchestrée sans cadre ni mesure.

    Soliste,  pas de place à la fausse note pour  une parfaite harmonie.

    L’amour se joue à deux telles les mains sur le piano accordé pour une douce mélodie offerte en partage.

    Le chef d’orchestre a déserté son nouveau décor emportant sa baguette folle et la cacophonie agressive et agressante déferlant dans un décor hostile.

     Elle respire au son d’une mélodie retrouvée, la sienne, jouée dans le respect d’une partition aux notes qui résistent au temps. Don d’elle-même, humanité retrouvée pour un refrain d’amour sans aucune imposture.

  • Se lever et se relever

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    Ce voyage vers son paradis blanc qui lui paraissait inaccessible ou  ne le  voyait-elle plus dans le regard de l’autre.

    Ce paradis, refuge. Lieu magique où chaque parole, chaque regard se retrouvent en écho à l’infini.

    Résonances suprêmes, accords majeurs, re-naissances évidentes où chaque pierre est le mot, la caresse, l’éclat de rire, partagés pour une construction.     

    Renaître. Elle s’aventure à faire le chemin inverse. Elle connaît les endroits qui l’ont faite trébucher maintes fois. Peut-être s’est-elle  trop  perdue dans le regard de l’autre ?

    Elle ne veut le croire. Se perdre, mais se relever pour vaincre ses peurs.

    Vertige de l’amour dont elle aime tant apprécier les saveurs pour un envol magique. Abandon éphémère. Désirs de femme pour une autre femme.

    Elle lui offre sa vie comme elle lui offre son corps. Elle reconnaît ce don. Elle qui a si peur de son abandon. Celle qui ne se livre pas, celle qui n’embrasse pas et qui cherche maintenant la douceur de ses lèvres maladroitement dans ses rêves. Femme gauchère pense-t-elle ? Et pourtant se laisser prendre par ce vertige, laisser enfin la raison hors de ce paradis blanc. Toutes les armes doivent être déposées. C’est ce qu’elle voudrait.  Toutes. Même les plus rassurantes.

    Elle veut, pour la première fois, tendre sa main et son cœur. Les donner et les partager en une unique preuve. Elle doit apprendre. Apprendre à s’abandonner, apprendre à croire.

    Trouver les mots. Voler sans se poser, voler à deux, se lever et se relever.
  • Echec et mat

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    La construction d’un château en Espagne tout près d'une petite chapelle romane pourrait être le début de cette histoire. Elles se sont observées longuement lors d’une partie d’échecs. Le silence, élément du  décor.Des pas qui résonnent sur des pavés verdâtres. La partie s’avérait longue. Une partie sans perdante ni gagnante. C'est ce qu'elle avait cru.  Autant de  stratégies sur un échiquier de fortune, autant de mots révélant ce qui lui semblait d'un autre monde et si présent dans cet autre temps. Rêver sans jouer, aimer à se perdre mais  vivre ou s’attacher . Un face à face sans  les armes trop longtemps affûtées, déposées à ses pieds. Seulement l’amour entre ses mains nues.

    La parole. Elément d'un autre décor qui rythme ses déplacements . La parole donnée, écoutée comme une promesse d’amour attendue. Des envies d’y croire pour construire....c'est ce qu'elle pensait.

    Le temps. Combien de temps à attendre le temps ? Un temps sans aiguille. Un temps sans écran aimait-elle se fredonner. Mais  est venu le temps où une partie d’elle-même s’est gravée indélébile, sur chaque pierre d'une construction,illusoire et  fragile aux fondations incertaines. Chaque pierre  lui faisant perdre ses defenses dressées comme des cathédrales de papier.

    Seul son amour , par des mains nues,  offert en partage. Jeu de dames  échec et mat sur un plateau d’ivoire où l’évidence refuse une quelconque stratégie. Comme un fou elle poursuivra sa dame en diagonale, diagonale du fou à entendre une invitation au voyage sur des chemins de traverses.