Elle n’avait pas les mots faciles
Ils restaient à la frontière de ses lèvres.
Elle se les appropriait lorsqu’elle jugeait qu’ils étaient bons à dire au monde de l’utile.
Elle les avait laissés aux lettrés de son époque pour endosser ses indignations
Pour exprimer ses joies dans les murmures à peine perceptibles par ceux qui ne la connaissaient pas.
Elle avait préféré les gestes de ses mains noueuses aux traces du temps, le regard empreint de sagesse et de lucidité.
C’était un cœur simple imprégné de silence, une berceuse d’antan qui chasse les ombres des nuits à venir.
C’était un personnage de conte,
l’éternel accroché aux pages de l’enfance.
C’était un cœur simple aux étreintes suspendues comme un linge froissé au fil du temps.
Elle est partie pour un long voyage, une larme d’adieu déposée en offrande.
Elle avait 97 ans et elle n’avait pas les mots juste un cœur simple qui les remplacera à jamais pour vivre.