Le jour où écrire ne voudra plus rien dire pour elle, le jour où écrire ne dira plus rien, que quelques borborygmes émis dans une indécence courtoise, alors elle refermera le livre blanc sur la plage déserte que le vent emportera.
Ecrire pour se soustraire à ne pas dire, pour retenir le souffle de l'immédiateté corrompue.
Ecrire pour faire surgir le doute du je et de l'être confondus.
Ecrire pour rivaliser avec la mort comme on décline une connivence aux mots qui se figent dans le temps sur les pierres funestes des anonymes complices pour un dialogue différé.
Ecrire pour faire appel aux souvenirs avant qu'ils ne s'éteignent, écrire dans un pari dérisoire de représentations d'un réel construit, d'une rencontre possible avec les images provisoires immobilisées.
Ecrire pour conjuguer le verbe qui agit sur l'idée que l'on se fait du temps sans regret et sans remord.
Jeter sur les lignes, les points d'interrogations que la vague dépose sur le sable telles des épaves de quelques naufragés qui scrutent le temps qui s'éternise.
Ecrire et signer l'éternité de la langue sur l'érosion de l'auxiliaire être transfiguré.
Ecrire pour que la main qui a effleuré ta peau laisse une empreinte murmurée sur la page blanche des dires étouffés pour que les mots gravent que tu as existé.