Jeter les mots sur l'écume de ses jours comme on jette l'ancre de l'esprit en errance.
Vogue l'âme- Vogue, vague à l'âme dans les marées emportant ses combats présents et passés.
Il y a des romans qui se lisent, hors du temps et dont on voudrait supprimer les lignes finales qui provoquent les blessures sur le fil des espoirs tendus aux mots.
Ces mots accrochés à l'heure des frissons se nourrissant du présent, des désirs comblés , et des douceurs fredonnées.
Il y en a d'autres qui se réécrivent et se réinventent dans l'illusion d'un malgré soi de l'âme triomphale au tragique énoncé, dont un marque-page trône en toute indécence pour des rappels aux douleurs combattues et qui s'ancre à vif sur les pages blanches de l'encre de vie.
« Un livre, un vrai livre, ce n'est pas quelqu'un qui parle, c'est quelqu'un qui nous attend, qui sait nous entendre. »
Tomber sur un livre dans un étrange hasard comme tomber sur une invitation à l'exil sous ce chêne planté il y a fort longtemps.
Goût du sort, goût amer du temps qui sévit dans sa toute puissance, dont les lignes imaginaires s'inscrivent en parallèle sur les paragraphes, alinéas où les dos se courbent, les esprits s'inclinent dans une finalité funeste.
Malgré le temps qui avance, arrogant comme le désert , le chagrin dévastateur demeure et la vie se poursuit dans les lectures au pied du souvenir séducteur de l'oubli.
Commentaires
Depuis Lamartine, l'image du livre est de celle que je préfère pour exprimer nos vies. Celle du chemin, aussi, qui recelle des trésors de richesse. Les pages tournées et les sentes parcourues...
Mais je crois que si nous pouvions vraiment effacer ou arracher du livre les pages où nous avons souffert, rares seraient celles que nous déchirerions vraiment. Le bonheur et les plaisirs sont ce qu'il y a de meilleur à vivre, soit, mais le malheur et les douleurs sont ce qui nous contruit et nous révèle vraiment. Sans ces pages sombres, nous ne serions que des êtres fades et sans profondeur, insensibles de surcroît et sans aucune aspérité...
Ce qui n'empêche pas le regret, mais lui donne une raison d'être, comme à ce qui l'inspire...