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  • Melodie

    melodie.jpgElle l’appelle au souvenir de ces mots qui battaient la passion et respiraient aux rythme de deux corps envahis par la profondeur du désir.

    Elle frissonne sous sa peau au contact de la folie des mots qu’elle lui écrivait dont elle ne peut plus se détacher. 

    Attachée aux mots qu’elle lui disait sur le désir de son corps tourmenté et dont elle voulait crier à la face du monde, le plaisir offert et qui la transperçait.

    Pourquoi mon corps a-t-il tant d’impatience à ton simple souvenir ? se demandait-elle ?

    Je désire tant vivre ton corps au rythme de ma passion dans ses élans de tourmente et de calme profond. Hymne à l’amour mon amour lui écrivait-elle.

     

    Son cœur s’emballe et son esprit se noie dans l’eau de sa mémoire devant tant de désirs avoués et entendus en un mois de décembre quand les arbres seuls témoins discrets gémissaient une complainte, la même que celle d’aujourd’hui où là sur un trottoir glacé, se tient  une petite fille devenue grande, aux cheveux bouclés.  C’est Marion, pense-t-elle qui attend qu’on lui fredonne les mots, les mots qui lui donnent des ailes et qui lui rappelleront peut-être les moments de douceur. Ceux qui envahissaient sa mère et qu’elle partageait dans le silence. Sans rien dire, sans bouger.

    Elle entend la mélodie provenant d’une fenêtre restée ouverte, une chanson de Cabrel « je l’aime à mourir » croit-elle ou peut-être « je l’aimais, je l’aime, l’aimerai » qui passe sur les ondes d’une radio lointaine.

  • Reviendra-t-elle?

    retour.jpgElle a pris le dernier bateau ou le dernier métro et emporté dans sa poche un peu de sable, celui du château de Marion quand elle passait les mains dans ses boucles dorées ou qu’elle serrait la main de sa mère lui réchauffant son corps en entier.

    Elle est partie, pour combien de temps. Pour quelle main tendue, pour quel appel au corps et pour combien de luttes, de combats sans ennemis, de moulins à vent désertés ?

    Reviendra-t-elle, sur ce port pour croiser à nouveau cette mère et sa fille, le regard tourné vers l’horizon ?

     

    Le temps a continué au rythme d’un autre temps sans aiguille et sans écran sur un chemin tapissé de feuilles mortes de ces arbres nus, le temps d’une saison, le temps des souvenirs.

    Des souvenirs enfermés secrètement dont elle aime se bercer et qui la couvrent d’un doux parfum enivrant.

     

    Elle l’appelle du lointain fébrilement avec des mots détournés pour vaincre toute  résistance. Cette résistance, que toutes deux avaient autrefois perdue dans un grand lit tendu de blanc lorsqu’elles s’invitaient à se fredonner quelques caresses pour mourir d’être née dans la fièvre d’un voyage enflammé.

     

  • Les châteaux de sable

    eros.jpgUne main, celle d’une petite fille vient de s’accrocher et lui réchauffer le corps tout entier. C’est sa petite fille qui la regarde.

    -          Maman on s’en va. ?

    -          On rentre mon amour. On rentre.

    Elle ne peut se presser. La fatigue ou le poids des souvenirs toujours aussi douloureux pense-t-elle. Elle s’arrête, les yeux encore fermés et les ouvre pour s’attarder sur les cheveux bouclés de sa fille. Ces cheveux qu’elle a toujours aimé caresser .Tremblent-elle encore ? Son amour ne l’a pas remarqué où se tait pour respecter son silence.

    Le vent s’est levé et lui frappe le visage. La sensation est bonne. L’ivresse peut-être où quelque chose du même ordre.

     

    Demain elle reviendra, c’était sûre. Marion jouera encore sur les épaves échouées à se raconter, à se construire les châteaux de sable dont la fragilité a encombré si souvent sa mère.

     

    Le lendemain encore, elle est là, les oiseaux gémissent accompagnant l’appel aux souvenirs. Souvenirs d’un même gémissement, mais celui-la venait des arbres, les arbres qui avaient perdus leurs feuilles le temps d’un abandon, le temps d’une saison. Et elle avait frissonnée sous sa peau, ce jour là. Où peut-être, ce soir là où elle resta seule, seule sur un trottoir glacial ou sur un quai de métro à Paris. Le dernier métro, celui qui certainement  avait emporté cette femme qui l’incite au souvenir, à un voyage . La femme d’à côté  qui revient après tant de temps et qui ne l’a pas fait rougir ou alors elle a oublié. Cette femme qui l’a rejointe sur ce port, hier et qui n’est plus.

  • Manureva

    manureva.jpg-        - Manuréva, te souviens-tu de ce bateau qu’on ne retrouva jamais ? Il a emmené dans sa course, dans les flots bleus de tes yeux les souvenirs secrets de ton existence. Entends-tu la chanson qu’il te fredonnait et qui te rappelle à la vie, à ce port où tu te retrouves seule dans le noir d’un passé à jamais égaré,  les épaves échouées autour de toi.

    C’est ce qu’elle pourrait lui répondre.

    Puis le silence à nouveau. Un long silence juste interrompu par le léger clic clac d’une valise qui se referme et emporte leur histoire à toutes les deux pour un cri  stérile accouché dans la douleur, pour une main qui se tend et qui appelle au souvenir. Souvenirs douloureux qu’elle voudrait lui arracher que pour mieux l’apaiser. Mais, l'abîme s'est creusée sous ses pas et dans cette ville fardée qui tourne le dos au fleuve. Elle touche du doigt le désespoir. Brisée, isolée, elle est exsangue... Un seul endroit la soulage, un seul lieu l’a fait lever les yeux : le port de la Boca. Là enfin l'horizon se dessine et lui offre un souffle de vie, un peu de courage pour continuer... Les maisons colorées et l'eau glauque qui frappe les  quais, les bateaux rouillés qui n'en finissent pas de  mourir, c'est là qu’elle veut renaître. Dans ce cloaque, il y a un espoir, une incitation à vivre à tout prix, à combattre la misère des cœurs. Elle y embrasse la vie dans ce qu'elle a de pire.  Ensuite elle apprivoisera le reste la douceur des sourires, le bonheur du ciel bleu...Plus tard.

    C’est ce qu’elle pense à ce moment là.
    -Te souviens-tu étrangère la Méditerranée se refermant devant tes yeux et se rouvrant dans le mystère de l’aube qui se lève ?entend-elle.

    Elle ne supporte plus cet appel qui résonne au fond d’elle-même.

     

  • Mille ans, son rêve.

    Elle a le sentiment de connaître tout cela depuis mille ans puisque c’est son rêve. Comme elle a eu raison de ne pas la laisser s’approcher !

    paysage.jpgElle pense encore dans un soupir :

    Etre dans ses bras

    Vivre ailleurs

    Toucher le large

    Respirer le soleil

    Inventer la douceur…

    Sa main se referme au fil de l’eau à ses pieds dans ce vieux port abandonné que pour mieux se rouvrir à la clarté d’un amour fou perdu dans cet horizon intemporel qu’elle ne peut plus fixer.

    Elle se retourne. Un bruit de pas sur le sable. Bruit saccadé de la vague qui se brise. Un chuchotement obscur allume son regard noyé du chant nocturne.

    Rupture d’un silence qu’elle aime à glorifier puisqu’il ouvre à la clarté. C’est du moins ce qu’elle croit.

    Le port est maintenant dans une totale obscurité. Combien de temps est-elle restée là à panser ses blessures à remonter le temps.

    Femme, elle la voulait docile. Des mots lui reviennent en mémoire.

    -          Ne pars pas, reste encore un instant, moderato cantabile, je t’accompagne un petit bout de chemin, ce chemin qui sous tes pas me fait chavirer.

    Ces mots  enivrés  qu’elle lui a si souvent fredonnés au creux de ses reins quand le désir libérait les tensions de  son âme. Quand les mots étaient impuissants, la brûlure trop intense et la folie destructrice.

  • Sang titre

    plage.jpgElle ne regrette rien. Rien qui ne la ferait rougir. Rien pour lui éviter de poser son regard devant un miroir.

    Elle n’a pas pris conscience qu’elle avait interrompu sa marche folle et sans issue. Interruption volontaire du temps qu’il lui reste pour parcourir des images voilées qui se fanent. Papier jauni légèrement vieilli qui s’envole au gré du vent qui se lève.

    Il y a comme un blanc dans sa vie, comme une absence encore suspendue au temps qui s’écoule doucement. C’est son secret blanc et bleu comme les merveilleux nuages qui passent. Elle pense aux innombrables avions qui se sont posés et à tous ceux qui s’envolent. Sa vie se regarde dans ce curieux miroir, elle s’épie, s’interroge, s’émeut et se trouble. Tout est gravé en elle, empreinte d’une belle écriture cachée, enfouie dans sa mémoire. Tout le monde l’ignore mais elle est si présente. Cette histoire qu’elle retrace s’avance, s’épaissit, se concrétise.

    Il y a comme du noir dans sa vie, noir comme le doute. Si on ne doute plus, pense-t-elle, alors on ne progresse plus…C’est parce que nous avons en nous le sens du tragique de la vie que le manque et le vide sont les seules choses qui nous font progresser.

    Il y a comme du rouge dans sa vie. Rouge comme l’amour, force insoupçonnée du désir qui vient du manque si petit soit-il. Couleur d’une poésie intime, couleur des baisers cueillis avec délices, dérobés devant la porte fermée. Rougeur des joues qui se colorent, infinie douceur, sensualité de cette féminité si précieuse, si délicate toujours.