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  • Jeu d'écriture


    1093898407.jpgLe  partage jubilatoire d’un jeu d’écriture avec une femme- belle rencontre pense-t-elle-  propice aux éclats de rire en toute confiance, aux échanges fondateurs dans des relations rares et empreintes de tant de douceurs amies.

    Les contraintes étaient rudes mais combien inspiratrices pour enfanter les mots, les quelques mots obligatoires à glisser comme autant de témoins aux aguets de cette si belle langue.

    Elles ont posé chacune une esquisse de leur plaisir déferlant, sans aucune indécence en toute innocence dans une force intérieure offerte.

    Par un nuit d’ivresse, elle ébauche d’un geste, ses cris de révolte, telle une soliste dans un orchestre sans chef ,murmurant dans l’urgence une trêve à ne pas dire sa brisure.

    Combien d’oublis fondés sur la patience –

    Combien de jubilations maladives dans un réel houleux et sans latence à se violenter pour l’équilibre recherché du funambule, de son autre inventé ?  
  • Partir

    1798130691.jpgIl y a tant de choses à dire qu’elle ne peut exprimer… La robe et l’échelle de Cabrel se fredonne à la 1137247477.jpgmanière des mots qu’elle garde accrochés et qui se gravent furtivement dans son regard.

    Regard pour des images qu’elle ne peut graver dans le marbre. Tant de mots étouffés pour  des manières  de rester muette, autant de  détournements pour ne pas se perdre.

    Prendre les mots d’un autre pour dresser un décor qui lui inspire  des sensations qu’elle garde comme un secret au fond de sa petite valise emportée dans des voyages du passé empreinte de ses histoires de rencontres, de mains tendues. Autant de regards et de mots chuchotés aux femmes qui frissonnaient à les entendre et qui ont cessé d’exister, abandon éphémère, le temps d’une écriture interrompue qu’elle fera revivre au gré de ses inspirations.

    Mains nues et vide à combler pour des constructions à venir. Elle laissera sa petite valise un temps au garde meuble, garde à vie entre des mains anonymes. Son passé donné dans l’absence d’un toit de fortune pour un temps qui lui a été volé malgré elle, un temps de lâcher prise, sans ses livres mis dans des cartons comme pour emprisonner ses amis de voyage qui l’ont accompagnés dans ses solitudes et qui ont témoigné ses épisodes de vie.

    Une page tournée et déchirée avant qu’elle jaunisse. Une ultime destruction avant son départ, mépris pour un rappel à la langue, « Telle mère telle fille » assénée comme ses coups d’autrefois, étranglements, étouffements et portés comme d’ultimes vengeances  sur celle qui lui a donné vie.

    Deux prénoms gravés sur du cuivre déposés comme des rappels morbides,  qui provoqueront le tremblement de ses mains sur un clavier témoin comme ce  matin où  elle avait  programmé  le franchissement d’un dernier barreau de l’échelle malgré la promesse de celle qui veillait et lui promettait d’en construire à l’infini. Un infini qui a son réel dans l’amour qu’elle lui porte et qui ne s’écrit pas que pour mieux se vivre. Sans jeu et sans stratégie.

    Partir et déplacer l’échelle sur d’autres arbres dans des décors de douceurs pour un autre temps  sans regret, où les mots se partagent comme des fruits gorgés de soleil.
  • Déménager

    182371041.jpgLe texte de Perec lui revient à l’esprit et c’est un sourire qui s’accroche à son visage par le 1137247477.jpgrythme de tous les mots justes, verbes sans décor, s’inscrivant dans une parfaite chronologie pour un partir sans regret.

     

    Elle se souvient d’enfants sur une scène déclamant chacun des vers en toute innocence  sous les formes glanées, au gré de leurs inspirations.

     

    Texte  qui prend un sens nouveau - moins théâtral s’accrochant dans un réel, sans jeux de scène  dans la parfaite indécence qu’elle a subie ces derniers temps et qui l’a meurtrie.

     

    Réel  qu’elle exprime encore au détour des livres lus,  expressions de la langue sous forme de vers que pour mieux se dérober à un temps et un espace vidé, dégradé qui balaiera avant de partir un passé qu’elle oubliera en toute conscience - désir salvateur d’effacer ses bleus à l’âme  et son temps volé par une prédatrice sans remord et sans loi.

     

    Partir et vivre la douceur retrouvée. Partir et panser ses blessures dans des regards, des décors prometteurs sans cri et sans menace. Seuls des chuchotements et des mots fredonnés pour des voyages sans naufrage et sans naufragés.

     

    Pour un réel  qui n’a pas de virtuel où les bonheurs se déclinent dans le temps. Plus de place au roman où les personnages inventés disparaîtraient au rythme des pages tournées par un fou de passage. Plus d’histoire inspirée mais un vrai dans un présent partagé,  une renaissance dans un décor retrouvé.

     

      Quitter un appartement. Vider les lieux.
     Décamper.  Faire place nette. Débarrasser  le
     plancher.
      Inventorier ranger classer trier
      Eliminer jeter fourguer
      Casser
      Brûler
      Descendre desceller déclouer décoller dévisser
     décrocher
      Débrancher détacher couper tirer démonter
     plier couper
      Rouler
      Empaqueter emballer sangler nouer empiler
     rassembler entasser ficeler envelopper protéger
     recouvrir entourer serrer
      Enlever porter soulever
      Balayer
      Fermer
        Partir

     

                                                       Georges  PEREC
                                                       Espèces d’espaces
                                                       éd.  Galilée

     

     

     

     

     



     

     
  • Albatros

    509623981.jpgElle peut chasser « ses mauvaises pensées » et retrouver ses amnésies d’autrefois comme son unique défense, arme dérisoire de protection pour vivre son temps, un temps décalé sans aiguille vécu au rythme d’un métronome réglé maladroitement. Elle croit naïvement qu’elle peut entendre les quelques douceurs qu’elle lui fredonne dans son autre rythme au gré de ses envies qu’elle dépose sur un corps autrefois meurtri. Elle osera encore se fondre dans un regard et s’y perdre un temps. Mais combien de temps encore ? Elle sait qu’elle se battra pour rester intacte. Aucun abandon possible, seule une échelle restée sur un tronc centenaire et qui garde sa puissance sous une écorce intacte, elle aussi, malgré quelques traces gravées au couteau par des fous de passage

    Elle ne touchera plus de fond. Seul un fond empreint de musicalité l’accompagnera pour des envols sans risque de naufrage.  Aucun survivant velléitaire dans ce voyage, seule pour un voyage déterminé et déterminant. Aucun sentiment d’abandon, aucune main tendue pour des jeux de hasard au gré des vents pervers. Aucune stratégie d’envol, seul un  partage du temps pour d’autres ports sans aucune trace d’épaves abandonnées pour quelques battements d’elles, d’ailes, interrompus.

    Seules quelques pauses sur des chemins de sable sans entrave, sans embuche possible. Plus d’oiseaux rescapés, pas plus de présence d’albatros sortis de vers de Baudelaire aux ailes rognées. Elle a cru à des voyages sans tempête à des battements d’ailes à contre vent et contrecourant pour des apaisements qu’elle se construisait dans des lieux, aires de repos où les liens de soie résistent aux intempéries et aux mains destructrices qu’elle a appris à fuir maintenant.

    Elle s’est relue et  a souri d’avoir cru que la folie s’attrapait comme un mauvais rhume lui rappelant ses compagnons de naufrage qui lui ont fait peur dans leurs  regards vides, elle qui a cherché des regards accrocheurs, remplacés par  ceux  dans lesquels elle a toujours eu peur de se perdre. Combien de regards qui l’ont interrogée dans son profond mutisme quand ses pupilles se dilataient pour des départs sans lendemain.

  • Des refrains de vie

     1753290879.jpg

    Elle garde en mémoire, ses compagnons de naufrage, de misère et de douleurs que pour mieux les 2144789583.jpgrejoindre, le temps d’une seconde furtive, sans prise dans son nouveau réel peuplé à présent de musicalité harmonieuse retrouvée.

    Elle voudrait les imprégner de son nouveau temps prometteur et rallumer leurs regards vides et exsangues, privés malgré eux  de ce qu’ils gardaient d’humanité comme une petite pierre secrète, témoin de construction fragile et éphémère.

    Elle voudrait leur témoigner  une dernière fois,  par une pensée lointaine mais  émue  des refrains de vie qu’ils n’entendront  peut-être pas et leur offrir en partage cet apaisement qu’elle ressent désormais.

    C’est  ce qu’elle ose  espérer, elle qui est partie un peu comme une voleuse. Peur d’affronter leur ultime demande de main tendue, de fou rire qu’elle leur offrait avec toute sa dérision confuse mais combien vraie.

    Des prénoms qu’elle ne voulait retenir dans ce décor anesthésié comme pour mieux  fuir des liens qui auraient pu se tisser. Des évidences refusées que sa conteuse lui rappelle avec patience et bienveillance et souvent dans un éclat de rire.

    Peur de cette douleur perçue dans un miroir sans tain ou  dans des glaces qui renvoient le vide à l’infini.

     Enfermement et distance conjugués qui effraient l’extérieur comme autant de refus de sa propre douleur pour des naufrages évocateurs ô combien refusés. 

  • Renaissance

    343123452.jpg 1449250975.jpg « Un ultime » prématuré pense-t-elle où l’écriture se déclinait dans un autre décor, un autre lieu,  pour un autre partage. Décor qu’elle avait dressé pour un achèvement du temps, éphémère dans un geste de désespoir en solitaire.  

    Re-naissance mélodieuse, à présent, autre regard et autres mots sans aucun jeu de maux. Des images hors du temps imprègnent son regard avec toute la douceur volée autrefois par quelques prédateurs malveillants, au détour de jeux insidieux dont elle était le pion sur un échiquier abandonné.

    Un passage malgré elle, dans des couloirs endomètres, étroits, le temps d’un printemps, pour une  autre naissance, renaissance, sans douleur et sans cri,  tel ce jour de mars dans un autre temps, franchi  pour libérer une seconde fois, celle, qui lui donnait la vie et qui  a refusé cet ultime voyage, hors du temps dans une ultime confiance à jamais déclarée.

    Celle qui refusait cet abandon, et qui dans un geste douloureux de survie  l’a plongée dans un autre décor, un autre lieu que pour mieux lui  prononcer cette nouvelle naissance en son âme et conscience qu’elle lui offrait une seconde fois.  

    Ne lui a-t-on pas dit que son inspiration créatrice devait s’arrêter un temps, le temps d’un regard posé sur ces quelques pantins désarticulés, privés de toute conscience pour apaiser leurs cris.

    Elle a interrompu ses gestes et son écriture automatique, apaisante pour quelques rires fous, fou rire dérisoires de survie dans l’abstinence du temps dérobé,  dans un réel, ponctué sur des cadrans où les aiguilles marquent les attentes illusoires et où seuls les  amis chimiques, amis de fortune,  accompagnent les cœurs solitaires, dans des voyages sans lendemain.

    Marche automatique et sonore, bruissements répétitifs des pas, regards vides et mains qui tremblent pour une attente infinie mais sans aucun espoir affiché, résonnent encore dans sa mémoire comme autant de rappels à sa nouvelle vie qu’elle construit jour après jour en toute sérénité.

    Elle s’éloigne,  des « ladies section » de passage dans un décor de laboratoire, de toutes celles qui lui ont volé, disséqué, ses jours et ses nuits, son intégrité, pour de fausses promesses, de faux apaisements rythmant les trébuchements, au bord de précipices imaginaires mais  combien réels dans un autre temps.

    Elle entend et perçoit à présent les voix et  les regards de ses vrais amis, amis de cœur et d’esprit qui l’ont accompagnée dans ce voyage au bout de la nuit. Elle sent les mains tendues sans crainte et sans mal entendu, en toute sérénité, pour une renaissance au travers des mots complices et salutaires qu’elle leur offre en partage en toute sincérité.

    Elle se construit sur de nouvelles fondations délaissant ses châteaux de sable sur de vieux ports naufragés.