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Albatros

509623981.jpgElle peut chasser « ses mauvaises pensées » et retrouver ses amnésies d’autrefois comme son unique défense, arme dérisoire de protection pour vivre son temps, un temps décalé sans aiguille vécu au rythme d’un métronome réglé maladroitement. Elle croit naïvement qu’elle peut entendre les quelques douceurs qu’elle lui fredonne dans son autre rythme au gré de ses envies qu’elle dépose sur un corps autrefois meurtri. Elle osera encore se fondre dans un regard et s’y perdre un temps. Mais combien de temps encore ? Elle sait qu’elle se battra pour rester intacte. Aucun abandon possible, seule une échelle restée sur un tronc centenaire et qui garde sa puissance sous une écorce intacte, elle aussi, malgré quelques traces gravées au couteau par des fous de passage

Elle ne touchera plus de fond. Seul un fond empreint de musicalité l’accompagnera pour des envols sans risque de naufrage.  Aucun survivant velléitaire dans ce voyage, seule pour un voyage déterminé et déterminant. Aucun sentiment d’abandon, aucune main tendue pour des jeux de hasard au gré des vents pervers. Aucune stratégie d’envol, seul un  partage du temps pour d’autres ports sans aucune trace d’épaves abandonnées pour quelques battements d’elles, d’ailes, interrompus.

Seules quelques pauses sur des chemins de sable sans entrave, sans embuche possible. Plus d’oiseaux rescapés, pas plus de présence d’albatros sortis de vers de Baudelaire aux ailes rognées. Elle a cru à des voyages sans tempête à des battements d’ailes à contre vent et contrecourant pour des apaisements qu’elle se construisait dans des lieux, aires de repos où les liens de soie résistent aux intempéries et aux mains destructrices qu’elle a appris à fuir maintenant.

Elle s’est relue et  a souri d’avoir cru que la folie s’attrapait comme un mauvais rhume lui rappelant ses compagnons de naufrage qui lui ont fait peur dans leurs  regards vides, elle qui a cherché des regards accrocheurs, remplacés par  ceux  dans lesquels elle a toujours eu peur de se perdre. Combien de regards qui l’ont interrogée dans son profond mutisme quand ses pupilles se dilataient pour des départs sans lendemain.

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