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Le temps d'une naissance

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Elle frissonne. Gauchère, elle ne l’était  pas. Pas avec elle en tout cas. Doux effets et  sensations intimes qui résultaient de l’interdit lui reviennent en mémoire. Corps fragiles offerts aux plaisirs de l’autre, mots rassurants qui lui donnaient des forces pour continuer à couvrir de caresses un corps qui la réclamait. Etreintes interrompues pour le plaisir de se revivre encore un peu. C’était avant, c’était hier. Un jour sera imagine-t-elle mais quel en sera-t-il ? 

Ses yeux sont remplis d’une étrange clarté et son regard se voile encore et toujours que pour mieux arrêter le temps. Pour se perdre dans des images fanées du lointain. Sa force illusoire s’évanouit et fait naître son petit espace  d’innocence. Innocence portée par ses désirs qu’elle ne peut refouler et par un refrain plein de charme qu’elle a entendu aujourd’hui même chantée par une voix douce et féminine « une femme qui aime une femme ».

Libre de se brûler les ailes. Elle sait qu’elle peut lui dire maintenant. Maintenant qu’elle l’a retrouvée à parcourir un bout de son chemin avec son autre fille, petite pierre du large ramassée quand la vague déferlante entamait le château de sable laborieusement construit par Marion.

Libre. Elle peut lui dire que maintes fois elle les a retrouvées sur ce vieux port et qu’elle les accompagnait pour veiller sur leur destinée quand le paysage s’assombrissait et que l’on ne voyait même plus les épaves des bateaux échoués  témoins d’un abandon.

Seul signe de son passage, un petit tatouage gravé à la cheville pour glisser à Agathe qu’elle est la petite fille qu’elle aurait voulu offrir à sa mère, marque indélébile d’une histoire d’amour d’une femme pour une autre femme.

Neuf mois avait cet amour là, lui écrivait-elle, un vendredi soir sur du papier rose alors qu’elle avait allumé trois bougies pour un soir où l’ombre des souvenirs se projetaient, immense, sur des murs indifférents. Neuf  mois. Le temps d’une naissance et d’un abandon qui la ronge dans son âme meurtrie.

Libre mais fragile de trop de dénuement. Elle couvre son épaule pour garder la chaleur secrète de sa peau…

 

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